samedi 16 avril 2011

Publicités Jupiler : les sexistes savent pourquoi

Le lancement de la nouvelle campagne Jupiler Force, une boisson sans alcool mais au goût de bière, est l’occasion de revenir sur le marketing sexiste de Jupiler. La bière, une boisson d’hommes ? Et la publicité, une affaire d'hommes ?




Savez-vous pourquoi les hommes savent pourquoi ? Et pourquoi quoi ? Que savent-ils de plus que les femmes ? Personne ne le sait. C’est pourtant le slogan d’une des marques les plus connues de Belgique. Un marketing toujours meilleur pour renforcer les clichés et les clivages hommes-femmes. Parce que cette marque se moque délibérément de 51% de la population, les femmes, sans parler du paradoxe, sportif-buveur de bières (alors qu’on sait que la bière apporte des bourrelets plutôt que des tablettes de chocolat). Faudra qu’on m’explique. Pourtant je connais des femmes qui aiment le foot, le tennis, l’alpinisme. Je connais des femmes qui aiment la bière.



Une vérité niée par la nouvelle campagne Jupiler Force : Fini les bières sans alcool pour les tarlouzes, celle-là c’est pour les vrais hommes.



@http://www.jupiler.be



N’oublions pas non plus que lancer une bière sans alcool permet de fidéliser les jeunes et les adolescents. Ils seront habitués au goût d’une bière Jupiler et pourront par la suite consommer la grande-sœur, sur le même principe que les cigarettes en chocolat, maintenant interdites. Un alcoolique inconditionnel de la Jup’ est le meilleur des clients pour une marque de bière. Autant lui parler dès le berceau. Une impression renforcée par le mot « soda ». Quand papa boira sa bière autour du barbecue, son fils pourra profiter du soda du même goût


Alors que les autres marques se basent plus sur le savoir-faire, la tradition ou sur l’humour gentillet pour vendre leurs bières, Jupiler ne se gène pas pour utiliser le sexe comme argument de vente (ok ok, Maes a eu un trip sexiste aussi mais, au moins, leur site est clean). Sur le site, en plus des filles en mini-jupes (qu’on vous invite à retrouver lors des festivals d’été), vous aurez aussi la possibilité de tromper votre femme sans risque d’être découvert grâce au générateur d’alibi Jupiler. Bijoutier, daim qui accouche au bord de la route, bouquet de rose, exercice d’incendie au boulot, … tout est prévu pour vous faciliter la vie. Cliquez sur bijoux, vous trouverez l’adresse du bijoutier le plus proche de chez vous, un échantillon de pierre précieuse à imprimer, et mêm un portrait-robot de la police pour faire croire que vous êtes fait braquer. Charmant. Pour l’excuse daim qui accouche (ou ta femme est conne, elle va croire que tu t’es arrêté et trouver ça mignon oui oui), on a à sa disposition un gentil mot du propriétaire à imprimer et des photos. Bref, il est très facile de duper votre femme, après tout elle ne boit pas de bières, elle.




@http://www.jupiler.be




On est en droit de se demander ce que fait le JEP, le jury d’éthique publicitaire, un organe censé surveiller la publicité et ses dérives. Il propose de veiller à ce que la pub soit honnête, légale et éthique (montrer clairement que les femmes sont connes pour vendre une bière, éthique ? Vendre un soda au goût de bière pour atteindre les enfants, éthique ?). Cet organe d’autorégulation (sic) peut recevoir des plaintes ou prendre une décision d’initiative. Un de ses articles condamne le sexisme, ce qui ne l’empêche pas de régulièrement fermer les yeux. De toute façon, s’il accepte la nouvelle campagne Guess, pourquoi se pencher sur le cas tout mignon de Jupiler ? Guess est toujours magnifiquement capable de me faire me demander si c’est la femme le produit ou un quelconque élément de la photo. Il faut bien chercher.


Ici la suite

Heureusement, ils ont pensé à moi, sur certaines publicités, ils ont mis « Guess Jewelry ». Tout s’explique. Donc pour vendre un bijou (qu’il faut toujours bien chercher dans la photo), une femme montre ses fesses, à tous les arrêts de bus. Pour vendre un bijou, donc se faire du fric, je placarde des images de porno-chic (sic !) dans toute la ville. C’est beaucoup plus clair, merci.


On dit toujours qu’il faut boire avec modération. Est-ce que cette modération ne devrait pas être aussi adoptée par la publicité ?


Pour comparer :




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